La foudre est tombée sur la tête d'Usain
Bolt, dimanche, en finale du 100m des Mondiaux de Daegu. Disqualifié
pour faux départ, le sprinter jamaïcain n'a pas pu défendre sa couronne
acquise à Berlin deux ans plus tôt. C'est du bord de la piste qu'il a
assisté au sacre de son compatriote Yohan Blake.
Nombreux l'estimaient invincible. Ils se trompaient. Tout
extraterrestre qu'il était depuis son festival pékinois aux JO 2008,
Usain Bolt a prouvé, dimanche, qu'il restait un homme. Avant tout. Avec
ses forces mais surtout ses faiblesses. Avec ses doutes aussi. Candidat
à sa propre succession sur 100m, le Jamaïcain n'a pas pu conserver sa
couronne mondiale acquise à Berlin deux ans plus tôt. La faute à un
faux départ aussi gros qu'un nez au milieu d'une figure.
Tout
était pourtant écrit. Usain Bolt devait remporter une première médaille
d'or à Daegu ce dimanche. Qu'importe le chrono, l'histoire était déjà
gravée dans le marbre. Tyson Gay et
Asafa Powellsur le flanc, Mike Rodgers et Steve Mullings pris par la patrouille,
personne ne semblait capable de mettre fin à la domination du Caribéen
dans un grand championnat. En demi-finale, son compatriote Yohan Blake
(9"95) avait confirmé qu'il était bien son principal adversaire. Moins
démonstratif que d'habitude, plus tendu aussi, Bolt avait rendu, de son
côté, une partition sans fausse note. En 10"05 d'accord, mais après
avoir coupé son effort à 30m de la ligne. On lui prédisait le meilleur.
Non, rien ne devait faire dérailler le train Bolt. Et pourtant.
Bolt : "J'ai besoin de temps" Arrivé à Daegu avec la troisième performance (9"88) des engagés, Bolt
semblait avoir retrouvé un niveau digne de ses performances passées. En
Corée du Sud, on se demandait s'il serait capable de flirter avec son
temps berlinois (9"58). Lui-même ne s'était pas aventuré à donner la
moindre prédiction chronométrique. Et puis, aux alentours de 20h46,
heure locale, tout s'est arrêté. Par sa faute. Tête la première, Bolt
est venu se fracasser dans le mur de ses ambitions. Un départ volé, une
médaille d'or promise et un maillot jetés au vent (de face). Pour finir
sur le bord de la piste, torse nu, à assister au sacre d'un autre. Dans
les starts du couloir 5, Bolt a commis l'irréparable. Celui qui n'en
était pas à son coup d'essai (*) a immédiatement compris. Pourtant
avant cela, il avait fait "du Bolt", condamnant, avant même le coup de
pistolet, son adversaire de gauche puis celui de droite. Le show
avant... le coup de froid.
Tête baissée, après avoir cherché un éventuel soutien dans le public du stade de Daegu, le Jamaïcain a boudé la zone mixte.
"Je n'ai rien à dire maintenant. J'ai besoin de temps", s'est-il défendu devant un journaliste de l'IAAF. Les autres ont donc parlé pour lui. "
C'est
surréaliste cette course aux erreurs, éprouvante pour les nerfs. Je ne
pensais vraiment pas qu'ils le (Bolt) mettraient dehors", a expliqué Walter Dix. "
Le
champion hors du jeu, il fallait en profiter. Je suis abasourdi. J'ai
pris un excellent départ et je pensais même qu'ils ne me rattraperaient
pas", a souligné
Kim Collins, bronzé huit ans après l'or de Paris. Usain Bolt est lui désormais tourné vers le 200m. "
Si je vais le faire ? C'est vendredi, c'est ça ? Vous verrez donc ça vendredi",
a conclu le champion olympique du demi-tour de piste. Sonné mais
sûrement pas K.-O. Usain ne devrait pas tarder à redevenir Bolt. Le
meilleur sprinteur de l'histoire. Faux départ ou pas.
(*) A
Berlin, il y a deux ans, Bolt s'était déjà fait remarquer par un faux
départ en demi-finale du 100m. Mais à l'époque, la tolérance zéro
n'existait pas et le Jamaïcain n'avait pas été disqualifié.