l semble que des choses tout à fait
révolutionnaires aient lieu à l’heure actuelle, oui, des changements de
positions et de pratiques. Explications de notre experte Sophie Bramly.
En avril, le magazine américain Esquire avait révélé que la position préférée des hommes est l’
amazone (la femme sur l’homme), qui obtient 2% de plus que la célèbre
position du missionnaire,
avec 30% des votes. Lorsque l’on sait que la position du missionnaire
était la position préférée des hommes occidentaux depuis Adam et Eve,
car elle
maintient la femme sous le contrôle de l’homme et
que la religion catholique n’a cessé d’encourager à limiter les
activités sexuelles à cette seule pratique, on est en droit de se
demander d’où vient cette stupéfiante révolution ?
Les faits ne s’arrêtent pas là : dans l’enquête récemment publiée par Philippe Brenot (anthropologue et
sexologue), dans son livre « Les hommes, le sexe et l’amour », les hommes sont
88% à trouver beau le sexe de leur partenaire et à en aimer le goût et l’odeur. Ce que confirme Esquire dans une
autre étude : 8 hommes sur 10 préféreraient faire des cunnilingus à
recevoir des
fellations.
Quand on sait à quel point « la pipe » était, depuis la nuit des temps,
un idéal absolu, le parangon des rapports masculins, on en reste coi.
En effet, l’homme livre ce qu’il a de plus intime, une acceptation sans
réserve de la femme de la forme et de l’odeur de son
pénis,
et voir la partenaire uniquement occupée à le faire jouir, voir le
plaisir qu’elle prend à le faire (en principe) en étant exempt de toute
charge de performance, on est en droit d’être perplexe en lisant la
nouvelle.
Les rôles seraient-ils inversés ? Assiste-t-on à l’arrivée de l’homme du XXIe siècle, dévoué au
plaisir féminin au détriment du sien ? Ou bien ferait-on mieux de s’inquiéter en lisant ailleurs (étude Ipsos) que
39 % des hommes préfèrent les nouvelles technologies,
devant le sexe qui n’obtient que 36% ? De même, selon une étude
réalisée par Brigitte Grésy et Sylviane Giampino pour le Medef, les
cadres et dirigeants d'entreprise préfèrent leur travail (sans compter
les heures) à leur vie privée.
Je dirais que nous en sommes au
partage d’un territoire qui demande à chacun de réviser ses objectifs,
et de prendre le temps de s’accoutumer aux nouvelles règles du jeu. Pour
reprendre les mots de Sun Tsu dans L’art de la guerre, « la passivité
signifie attendre une opportunité, l’activité c’est la victoire
elle-même ». Les femmes devenues actives, les hommes réajustent leur
façon de voir et s’ils ont la courtoisie de laisser les femmes mener la
danse, ils apprécieront sans doute que celles-ci continuent de
manifester un vif intérêt pour leur
phallus… Ce qui pourrait aussi les faire rentrer plus tôt de leur travail.